© B.M. Un ouvrier est photographié dans un dortoir pour travailleurs étrangers dans la zone industrielle de Sanaya à Doha. décembre, a annoncé lundi l’Organisation internationale du travail (OIT). Le petit et riche État arabe du Golfe construit des installations pour organiser la Coupe du monde de football de 2022 et a importé des centaines de milliers de travailleurs de la construction à cette fin, attirant davantage l’attention sur les conditions de sa communauté de travailleurs migrants. Une équipe de haut niveau de l’OIT qui s’est rendue dans le petit État du Golfe ce mois-ci après des plaintes persistantes de travailleurs migrants a déclaré que toute décision de nommer une commission d’enquête de l’OIT devrait être reportée d’un an pour laisser le temps de mettre en œuvre les réformes. Le rapport et les recommandations seront débattus mardi au Conseil d’administration de l’OIT, a déclaré le porte-parole Hans von Rohland. Une commission d’enquête est une sanction rare que l’agence des Nations Unies n’a imposée qu’une douzaine de fois depuis la Seconde Guerre mondiale, contre des pays comme le Myanmar et la Biélorussie. Dans un rapport, la mission de l’OIT a déclaré qu’elle “reconnaît les récentes mesures concrètes prises par le gouvernement et d’autres interlocuteurs” qu’elle a rencontrés au Qatar pour améliorer les conditions de travail des migrants. Pourtant, “certains défis subsistent et la mise en œuvre des mesures pour les surmonter est toujours en cours”, indique le rapport de l’équipe dirigée par l’ambassadrice japonaise Misako Kaji et comprenant des représentants des gouvernements, des employeurs et des groupes de travailleurs. A partir de décembre, une nouvelle loi qatarienne abolit le système de parrainage « kafala » pour les travailleurs migrants au profit d’un système de contrat de travail, supprimant tous les freins aux mouvements des travailleurs. Un travailleur ne sera plus contraint de continuer à travailler s’il y a abus ou exploitation, bien que les travailleurs domestiques soient exclus de cette disposition, indique le rapport. Des groupes de travailleurs se sont plaints pour la première fois en 2014 du travail forcé affectant une population de travailleurs migrants d’environ 1,5 million, soit environ 90 % de la population du Qatar. La mission de l’OIT, la deuxième en deux ans, a rencontré le Premier ministre, les ministres du travail et de la justice, le PDG de Qatar Petroleum [QATPE.UL] et des groupes de travailleurs, principalement des Philippines et du Népal. Il a visité des sites dont le stade Khalifa, un chantier majeur avant la Coupe du monde 2022. “Les inquiétudes soulevées par les travailleurs migrants liées au paiement des salaires (non-paiement, retard de paiement et/ou réduction des salaires convenus), la confiscation du passeport, les longues heures de travail…, le non-renouvellement de leurs cartes d’identité par l’employeur et la difficulté à transférer le parrainage”, indique le rapport. Il a indiqué que des milliers de travailleurs migrants se trouvaient dans des logements qui ne respectaient pas les normes minimales, avec 10 à 12 travailleurs partageant fréquemment une petite pièce, et des installations sanitaires et de cuisine insalubres et médiocres. Le Qatar a annoncé en octobre des réformes du travail attendues depuis longtemps mais modestes à la suite des critiques internationales d’Amnesty International, de Human Rights Watch et d’autres groupes de défense des droits.